lundi 16 avril 2018

LUISA MILLER (1849) - Giuseppe VERDI (1813-1901) - En direct du MET Opéra de New York (14.04.2018) - au Pathé Beaugrenelle

Sous l'efficace direction musicale de Bertrand de Billy (intensité dramatique et délicatesse),
Un opéra plutôt méconnu de
avec
Une éclatante distribution venue de l'Est !
(à l'exception du vétéran Domingo et de la jeune mezzo canadienne Rihab Chaieb)
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Ce bel opéra rarement joué a été créé au San Carlo de Naples en 1849...
Considéré comme un aboutissement dans la carrière du compositeur, il annonce la fameuse trilogie au succès jamais démenti : Rigoletto (1851), Le Trouvère et La Traviata (1853).
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Superbe soirée d'opéra !
Diffusée dans le monde entier (164 cinémas en France)
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La mise en scène on ne peut plus "classique" de l'australien Elijah Moshinsky qui date de 2001 et ne m'a pas trop convaincu...
Ce n'est pas tant le coté un peu "poussiéreux" qui m'a gêné mais plutôt la "lourdeur" de la production qui casse le rythme de la représentation : outre les deux (trop) longs entractes, la mise en place des décors nécessite plusieurs arrêts techniques (deux pour le seul premier acte).



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Placido Domingo (77 ans) ajoute, en père de Luisa, son cent quarante-neuvième rôle à son répertoire : en dépit de quelques difficultés au départ, il s'en tire avec panache et nous a offert une prestation bouleversante au dernier acte...

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La soprano bulgare Sonya Yoncheva a été une Luisa merveilleuse, idéale : voix superbe et engagement scénique exceptionnel...


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Toute aussi convaincante la composition que nous donne du personnage de Rodolfo...
Le ténor polonais Piotr Beczala, en pleine forme vocale...


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Tous les autres interprètes sont également à louer...


à gauche :
la basse russe Dmitry Belosselskiy (Wurm) et la mezzo russe Olesya Petrova (Federica)
à droite :
la mezzo canadienne Rihab Chaieb (Laura) et la basse russe Alexander Vinogradov (Walter)
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Extraits

Sonya Yoncheva ("Tu puniscimi, o Signore")...

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Piotr Beczala ("Quando le sere al placido")---> ICI

Vinogradov et Bellosseskiy (duo 2°acte) ---> ICI
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Voir  ICI  l'excellent article du Promeneur du 68

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Giuseppe Verdi
(1813-1901) 

Voir Wikipedia
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mercredi 11 avril 2018

MORT A CREDIT (1936) - Louis-Ferdinand CELINE - France - Folio n°1692

Louis-Ferdinand Céline


Il faut évidemment oublier l'homme et sa réputation sulfureuse (son antisémitisme, son soutien à l'Allemagne nazie,...),
Mais il n'est pas interdit de s'intéresser à l'écrivain, l'auteur français le plus traduit dans le monde après Proust !
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Paru en 1936, a été beaucoup moins bien accueilli que "Le Voyage de la nuit", publié en 1932 et qui connut un succès immédiat...
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Ce second roman (de plus de 600 pages) évoque avec brio, dans un style étonnant, l'enfance et la jeunesse de Ferdinand Bardamu, le double littéraire de Céline...
Il ne s'agit pas vraiment d'une autobiographie : l'auteur semble bien avoir repris quelques épisodes de sa vie mais en les adaptant et en les dramatisant quelquefois à l'excès...
Quoiqu'il en soit, on se trouve subjugué, tout au long de la lecture, par un tourbillon d'aventures et une étonnante galerie de personnages...
L'ouvrage est à la fois pittoresque, haletant, tragique, profond, drôle, burlesque, voire ordurier...
L'émotion n'est pas absente : elle affleure souvent, mais de manière voilée.
On retrouve le style si particulier de l'auteur, une habile combinaison entre le langage parlé (voire même de l'argot) et la création littéraire : 

 « Ce qui m'intéresse chez lui, c'est surtout l'usage très judicieux, efficace qu'il fait de cette langue entièrement artificielle — entièrement littéraire — qu'il a tirée de la langue parlée. » (Julien Gracq)

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QUELQUES EXTRAITS
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"Nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourd, si triste… Bientôt je serai vieux. Et ce sera enfin fini. Il est venu tant de monde dans ma chambre. Ils ont dit des choses. Ils ne m'ont pas dit grand-chose. Ils sont partis. Ils sont devenus vieux, misérables et lents chacun dans un coin du monde."

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"Ah ! c'est bien terrible quand même… on a beau être jeune quand on s'aperçoit pour le premier coup… comme on perd des gens sur la route… des potes qu'on reverra plus… plus jamais… qu'ils ont disparu comme des songes… que c'est terminé… évanoui… qu'on s'en ira soi-même se perdre aussi… un jour très loin encore… mais forcément… dans tout l'atroce torrent des choses, des gens… des jours… des formes qui passent… qui s'arrêtent jamais… "
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"Ce que je voulais c'était partir et le plus tôt possible et plus entendre personne causer. L'essentiel, c'est pas de savoir si on a tort ou raison. Ça n'a vraiment pas d'importance… Ce qu'il faut c'est décourager le monde qu'il s'occupe de vous… Le reste c'est du vice."
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"Elle [ma mère] a tout fait pour que je vive, c'est naître qu'il aurait pas fallu."

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"Ma mère, c'est pas une ouvrière...Elle se répète, c'est sa prière...C'est une petite commerçante...On a crevé dans notre famille pour l'honneur du petit commerce...On n'est pas nous des ouvriers ivrognes et plein de dettes...Ah !non. Pas du tout!... Il faut pas confondre !...Trois vies, la mienne, la sienne, et puis surtout celle à mon père ont fondu dans les sacrifices...On ne sait pas ce qu'elles sont devenues...Elles ont payé toutes les dettes..."
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"Il avait le sens du désordre...il plaignait tous ceux qui ne l'avaient pas."
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"Dans la journée c'était pas drôle. C'était rare que je pleure pas une bonne partie de l'après-midi. Je prenais plus de gifles que de sourires, au magasin. Je demandais pardon à propos de n'importe quoi, j'ai demandé pardon pour tout."
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"Dans la cour, y avait rien qu'un arbre, et sur la branche, il est venu qu'un seul oiseau. Ils l'ont descendu, les moutards, à coups de pierre et d'arbalète. Le chat l'à bouffé pendant toute une récréation."

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"C'est toujours ainsi les voyeurs...ça se régale d'abord à plein tube...ça en perd pas un atome et puis quand la fête et finie...alors ça s'indigne !"

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"C'est bien agréable une langue dont on ne comprend rien... C'est comme un brouillard aussi qui vadrouille dans les idées... C'est bon, y a pas meilleur... C'est admirable tant que les mots ne sortent pas du rêve..."
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"C'était un chien trop craintif. Il avait reçu des coups trop durs. La rue c'est méchant. le lendemain en ouvrant la fenêtre, il a même pas voulu attendre, il a bondi à l'extérieur, il avait peu de nous aussi. Il a cru qu'on l'avait puni. Il comprenait rien aux choses. C'est trerrible dans ces cas-là."
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"On se fatigue de tout sauf de dormir et de rêvasser."
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"Ah ! C'est pas drôle Ferdinand !...c'est pas drôle!...Je ne dis pas la vie Ferdinand mais le Temps!...La vie c'est nous, ça n'est rien...Le Temps ! c'est tout !"
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Louis-Ferdinand Céline
(1894-1961)
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Voir sur ce blog "Voyage au bout de la nuit" --) ICI

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mardi 3 avril 2018

THE RIDER - Chloé ZHAO (Réalisation et Scénario) - Etats-Unis - au Gaumont Parnasse (29.03.2018)

Grand Prix du Festival du film américain de Deauville 2017
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Un vrai "faux western" chez les cow-boys indiens :
Un véritable coup de coeur pour un film sublime et douloureux !
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5 / 5
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Synopsis :


"Le jeune cowboy Brady, étoile montante du rodéo, apprend qu'après son tragique accident de cheval, les compétitions lui sont désormais interdites. De retour chez lui, Brady doit trouver une nouvelle raison de vivre, à présent qu'il ne peut plus s'adonner à l'équitation et la compétition qui donnaient tout son sens à sa vie. Dans ses efforts pour reprendre en main son destin, Brady se lance à la recherche d'une nouvelle identité et tente de définir ce qu'implique être un homme au coeur de l'Amérique." 
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 Le film a été tourné dans la réserve amérindienne de Pine Ridge (Dakota du Sud)...
Inspiré de l'histoire vraie de Brady Jandreau, dresseur de chevaux et champion de rodéo, qui interprète son propre rôle...
Magnifiquement filmée et interprétée, c'est donc l'histoire bouleversante d'un rêve anéanti mais aussi de la nécessité, en dépit de tout, de continuer à vivre...
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Au cours d'un entretien que la réalisatrice a eu avec Brady Jandreau (alors qu'il était était encore hospitalisé), celui-ci lui avait confié :
"Le mois dernier, nous avons dû abattre Apollo (un des chevaux que dressait Brady) parce que sa patte a été grièvement entaillée par des barbelés. Si un animal dans les parages était blessé comme je l’ai été, il se ferait piquer. On m’a gardé en vie au motif que je suis un humain, mais cela ne suffit pas. Je suis inutile si je ne peux pas accomplir ce à quoi je suis destiné"
 (propos repris en partie dans la scénario)
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Tous les acteurs, comme Brady, sont des nonprofessionnels : ils campent des personnages proches de ceux qu'ils sont dans la vraie vie.
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Tim Jandreau (la père de Brady) et Lilly Jandreau (sa soeur autiste)...

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Lane Scott (Lane, son ami devenu tétraplégique et muet)...
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Brady Jandreau, inoubliable Brady...
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Chloé Zhao
née à Pékin
Scénariste et réalisatrice sino-américaine indépendante
Vit à New York depuis une dizaine d'années
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Pendant le tournage...
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"The Rider" est son second long métrage après "Les chansons que mes frères ont apprises" (2015 - également tourné dans la réserve de Pine Ridge)...



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dimanche 1 avril 2018

COSI FAN TUTTE (1790) - MOZART - En direct du MET de New York (31.03.2018) - au Pathé Beaugrenelle

Hélas ce n'était pas un poisson d'avril !
Cosi in Broadway...
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Fanatique de "Cosi fan tutte" (mon opéra préféré de Mozart) j'ai été complètement dépassé par cette production de Phelim McDermott qui réussit, avec brio, à transformer la subtilité du remarquable livret de Lorenzo da Ponte en une farce grossière et vulgaire : l'action est transposée dans le parc d'attraction de Coney Island, dans les années 50...
Bref, J'ai détesté, tout en comprenant qu'un tel spectacle puisse être considéré, ce qui semble avoir été le cas pour le public du Met, comme un divertissement plaisant...
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Pas vraiment convaincu non plus par la prestation musicale de la soirée : difficile de juger il est vrai tant l'opéra, sauf à de très rares moments du second acte, s'efface derrière un déferlement insensé  de formes et de couleurs !
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Direction musicale : David Robertson
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Interprètes (de gauche à droite) :

Despina : Kelli O'Hara
Don Alfonso : Christopher Maltman
Gugliemo : Adam Plachetka
Ferrando : Ben Bliss
Dorabella : Serena Malfi
Fiordiligi : Amanda Majeski


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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)



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