vendredi 29 décembre 2017

ZABOR ou Les psaumes (2017) - KAMEL DAOUD - Algérie - Actes Sud

Prix Transfuge
du meilleur roman de langue française 2017
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Les Mille et Une nuits...à l'envers !
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Présentation de l'éditeur (extrait) :


"Orphelin de mère, indésirable chez son père remarié, élevé par une tante célibataire et un grand-père mutique, Zabor n’avait rien d’un enfant comme les autres. Il a grandi à l’écart de son village aux portes du désert, dormant le jour, errant la nuit, solitaire trouvant refuge dans la compagnie des quelques romans d’une bibliothèque poussiéreuse qui ont offert un sens à son existence. Très tôt en effet, il s’est découvert un don : s’il écrit, il repousse la mort ; celui ou celle qu’il enferme dans des phrases de ses cahiers gagne du temps de vie......
............. le deuxième roman de Kamel Daoud célèbre l’insolente nécessité de la fiction en confrontant les livres sacrés à la liberté de créer. Telle une Shéhérazade ultime et parfaite, Zabor échappe au vide en sauvant ses semblables par la puissance suprême de l’écriture, par l’iconoclaste vérité de l’imaginaire."

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Dans les années 1980 en Algérie, perdu dans le bled, un village où règnent les interdits,
Zabor, un garçon étrange et solitaire qui a appris seul le français , croit avoir le don de reculer la mort des autres en écrivant sur leur vie.
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Bon si j'ai mieux aimé "Meursault, contre-enquête" (Goncourt du premier roman 2015) j'ai trouvé ce second roman de Kamel Daoud également remarquable.
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Le récit est captivant, même s'il est vrai qu'il est parfois quelque peu difficile à "appréhender"...
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On se demande, à la lecture de ce roman en forme de conte, s'il y a (et dans quelle mesure) une part d'autobiographie.
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Quoiqu'il en soit, sans doute que le plus admirable dans cet ouvrage est la qualité exceptionnelle du style : virtuosité, richesse, beauté de l'écriture...
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Extraits :


"Écrire est la seule ruse efficace contre la mort. Les gens ont essayé la prière, les médicaments, la magie, les versets en boucle ou l’immobilité, mais je pense être le seul à avoir trouvé la solution : écrire. "
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"Il ne sait ni lire ni écrire mais a l'instinct méchant de ceux qui en ressentent le manque."
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"Tu écris ce que tu vois et ce que tu écoutes avec de toutes petites lettres serrées, serrées comme des fourmis, et qui vont de ton cœur à ta droite d'honneur. Les Arabes, eux, ont des lettres qui se couchent, se mettent à genoux et se dressent toutes droites, pareilles à des lances : c'est une écriture qui s'enroule et se déplie comme le mirage, qui est savante comme le temps et fière comme le combat. Et leur écriture part de leur droite d'honneur pour arriver à leur gauche, parce que tout finit là : au coeur."
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"...Le français était une langue de la mort, pour ceux qui se souvenaient de la guerre? mais pas une langue morte. Pour les autres, les spectateurs de films, les proches de parents immigrés ou les ambitieux rêvant de quitter le village ou de gagner de l'argent sans suer sous le soleil, cette langue témoignait d'un prestige, elle était la preuve qu'on avait fait un grand voyage même si on n'avait jamais quitté Aboukir."

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"Parfois, quand la saison est bonne, je croise le retour des amateurs de vin qui vont boire dans les champs, discrets, un peu honteux, titubants mais stricts dans leur effort pour paraître sobres. J'ai de la tendresse pour leur sort  : il n'est pas facile de boire dans ce pays sans se faire lapider par les yeux ou même les pierres."
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"La première histoire de mon père, la vraie, est celle de la misère avant l'indépendance. A cette époque, la pauvreté était si coriace que les femmes du douar se promenaient affolées, les cuisses serrées, pour éviter les hommes violents mais aussi les enfants, qui tentaient de revenir vers leur ventre pour se dérober à la faim."
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"Nous montions toujours, chacun absorbé par ses calculs. C'est ainsi, quand un père se meurt, on se partage son corps et ses traits, on puise dans son cadavre, qui des biens, qui des mots, qui des attitudes, qui des chaussures.

Quand ils ne sont pas lus, les livres voyagent peu à peu, d'une maison à l'autre, d'un sous-sol à l'autre, d'un carton à l'autre. Quand ils sont lus, c'est le lecteur qui voyage."

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Kamel Daoud
né en 1970 à Mostaganem
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Voir dans ce blog :
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A découvrir :



Sélection de chroniques parues principalement dans Le Quotidien d'Oran (période 2010-2016)

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dimanche 24 décembre 2017

CUBA - DERNIERES PHOTOS (mars/avril 2017) .....

En vrac !
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(Photos JCMEMO)

vendredi 22 décembre 2017

LES BIENHEUREUX - Sofia DJAMA (Réalisation & Scénario) - France/Belgique - au Lincoln (18.12.2017)

Désillusions...Espoirs...
Partir ? Rester ?
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4,5 / 5
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Synopsis...


"Alger, quelques années après la guerre civile. Amal et Samir ont décidé de fêter leur vingtième anniversaire de mariage au restaurant. Pendant leur trajet, tous deux évoquent leur Algérie : Amal, à travers la perte des illusions, Samir par la nécessité de s'en accommoder. Au même moment, Fahim, leur fils, et ses amis, Feriel et Reda, errent dans une Alger qui se referme peu à peu sur elle-même."
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Alger 2008...
Quelques années après la "décennie noire" qui coûta la vie à plus de 100 000 personnes...
Comment vivre dans une Algérie qui n'a pas encore fait le deuil de cette sombre période : 
"Les islamistes ont certes perdu la guerre militairement mais ils l'ont gagnée dans les esprits."
précise la réalisatrice.
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Deux générations qui se côtoient sans bien se comprendre.
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Amal et Samir, un couple d'intellectuels, dans la cinquantaine, marqués par le passé, désillusionnés et qui vit en autarcie dans un milieu bourgeois :
"On n’a pas été heureux, On a eu peur et on a survécu. L’Algérie est trop abîmée, je ne veux pas lui sacrifier mon fils. »
constate Amal...
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Fahim (le fils), Feriel et Reda, représentent la jeune génération...
Bien que désemparés, ils espèrent pouvoir construire un jour leur avenir dans leur pays...
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La ville d'Alger, bien que constamment présente, semble se dérober pour tous ces personnages qui finalement se retrouvent toujours dans des lieux clos...



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La jeune réalisatrice a parfaitement maîtrisé son récit qui se déroule, sans que cela nuise à son propos, sur quelques heures...
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Outre les qualités de sa réalisation, ce film passionnant bénéficie d'une interprétation exceptionnelle.
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Nadia Kaci (Amal)...

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Sami Bouajila (Samir)...

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Lyna Khoudri (meilleure actrice à la Mostra de Venise) est Feriel...
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Adam Bessa (Reda) et Amine Lansari (Fahim)...
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Sofia Djama
née à Oran en 1982
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"Les Bienheureux" est son premier long métrage.
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Voir ICI dans ce blog le film de Merzak Allouache "Les Terrasses", autre portrait sans concession de la société algérienne d'aujourd'hui.
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samedi 16 décembre 2017

CUBA - LA HAVANE (avril 2017) - IMAGES........

FLÂNERIES.....
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SUR LE PRADO....



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Ici des étudiants en médecine se déchaînent...


 ou
 donnent de précieux conseils...

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Là c'est un peu la "Bourse aux logements" (tractations pour les échanges et ventes d'appartements)...



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(Photos JCMEMO)

jeudi 14 décembre 2017

LES GARDIENNES - Xavier BEAUVOIS (Réalisation et Scénario avec F. Moreau et M.J. Maille) - France - au Gaumont Convention (13.12.2017)

1915, la France est en guerre :
 Les hommes sont partis au front...
Les femmes doivent s'occuper de tout...
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3,5 / 5
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Synopsis :
"1915. A la ferme du Paridier, les femmes ont pris la relève des hommes partis au front. Travaillant sans relâche, leur vie est rythmée entre le dur labeur et le retour des hommes en permission. Hortense, la doyenne, engage une jeune fille de l'assistance publique pour les seconder. Francine croit avoir enfin trouvé une famille..."

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Adaptation d'un roman de Ernest Pérochon, publié en 1924...
Superbe hommage au courage des femmes...
Ce beau film mélancolique et attachant se déroule avec lenteur au fil des saisons, des années, ponctué par les permissions et les disparitions des hommes...
La réalisation classique (ce n'est pas un défaut) bénéficie d'une magnifique photographie (Caroline  Champetier).
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Une regrettable erreur de casting...
Contrairement à la plupart des commentateurs, je n'ai pas apprécié (sans remettre en cause le talent de ces comédiennes) les prestations de Nathalie Baye et Laura Smet qui ne sont pas crédibles en paysannes, ce qui pénalise beaucoup le film...
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Nathalie Baye (Hortense)...
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Laura Smet (Solange)...
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Tous les autres interprètes sont bien et en particulier...
Un grand bravo à la jeune Iris Bry (Francine) qui, dés qu'elle apparaît, illumine le film par sa présence, son naturel, sa spontanéité...

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Xavier Beauvois
né en 1967...


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Voir dans ce blog ---) Des Hommes et des Dieux

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lundi 11 décembre 2017

UN HOMME INTEGRE - Mohammad RASOULOF (Réalisation et Scénario) - Iran - au Balzac (08.12.2017)

Au risque de tout perdre ou de se perdre...
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5 / 5
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Prix Un Certain Regard Cannes 2017
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Synopsis :


Reza, installé en pleine nature avec sa femme et son fils, mène une vie retirée et se consacre à l’élevage de poissons d’eau douce. 
Une compagnie privée qui a des visées sur son terrain est prête à tout pour le contraindre à vendre. 
Mais peut-on lutter contre la corruption sans se salir les mains ?
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Un très grand film implacable, magnifique, impressionnant...
Une réalisation d'une sobriété exemplaire et d'une efficacité incroyable...
Une réplique :

"Dans ce pays, on est soit oppresseur, soit opprimé." 
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Deux interprètes exceptionnels :
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Reza Akhlaghirad (Reza, l'homme intègre)...
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Soudabeh Beizaee (Hadis, une femme forte)...
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Mohammad Rasoulof
né en 1975 à Chiraz
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A Cannes avec ses deux interprètes...
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"Je vis avec la peur, je suis constamment aux aguets. Chaque fois que je veux quitter le pays, je crains qu’on ne m’en empêche et j’ai peur dès que je reviens. Mais c’est ma vie, et je dois profiter de chaque petite ouverture, chaque interstice pour échapper à la censure et être créatif. Je ne sais pas combien de temps je parviendrai à faire des films."
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Son passeport lui a été confisqué le 16 septembre à l’aéroport de Téhéran, alors que Mohammad Rasoulof revenait du festival de Telluride, aux Etats-Unis, où il avait présenté son film. Puis, le 3 octobre, il a été convoqué à un interrogatoire, qui a duré quatre heures en présence des gardiens de la révolution. Les autorités iraniennes l’accusent d’« activités contre la sécurité nationale » et de « propagande contre le régime » – des chefs d’accusation passibles de six ans de prison. Le cinéaste attend la prochaine convocation…

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