mercredi 28 octobre 2015

MAUDIT SOIT DOSTOÏEVSKI (2011) - Atik RAHIMI - France - Folio 5496

Crime et Châtiment en Afghanistan...
(Où l'on retrouve encore Dostoïevski !)
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Je ne connaissais de Atiq Rahimi que ses deux longs métrages (Terre de cendre et Syngué samour)...
Je viens de découvrir un remarquable écrivain...  

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Ce formidable roman est comme un écho, une sorte de miroir du roman de Dostoïevski : une étonnante "performance" littéraire...
Dans un pays en guerre et plongé dans la chaos, Rassoul, le jeune Afghan, qui vient d'assassiner une vieille maquerelle, se compare à Raskolnikov, le héros de Crime et Châtiment :
"A peine Rassoul a-t-il levé la hache pour l'abattre sur la tête de la vieille dame que l'histoire de Crime et châtiment lui traverse l'esprit. Elle le foudroie. Ses bras tressaillent ; ses jambes vacillent. Et la hache lui échappe des mains. Elle fend le crâne de la femme, et s'y enfonce. Sans un cri, la vieille s'écroule sur le tapis rouge et noir. Son voile aux motifs de fleurs de pommier flotte dans l'air avant de choir sur son corps replet et flasque. Elle est secouée de spasmes. Encore un souffle ; peut-être deux. Ses yeux écarquillés fixent Rassoul, debout au milieu de la pièce, l'haleine suspendue, plus livide qu'un cadavre."
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Ce sont là les toutes premières lignes du livre...
Dés lors, nous allons suivre les traces de Rassoul dans un parcours halluciné à travers un Kaboul en proie à la violence et au désordre...
Tout comme Raskolnikov, Rassoul assume le poids de son crime et va chercher la punition de son geste, son châtiment, pensant ainsi trouver le salut...
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Ce passionnant roman,
tour à tour sombre, violent, romantique, idéaliste, kafkaïen, est également :
Une puissante réflexion sur la guerre
et
Le tableau implacable d'une société sans repère.
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EXTRAITS :

"...tu as tué cette maquerelle pour effacer un cafard de la terre et, surtout, venger ta fiancée. Mais tu t’aperçois que ça n’a rien changé. Le meurtre n’a pas apaisé ta soif de vengeance. Il ne t’a pas réconforté. Au contraire, il a créé un abîme dans lequel tu t’enfonces de jour en jour. Bref, tu es victime de ton propre crime."
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"Tu sais, les communistes se sont acharnés pendant dix ans à détourner ce peuple d'Allah; ils n'ont pas réussi. Par contre, les musulmans, en un an, l'ont fait."
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"Dostoïevski disait : « Si Dieu n’existait pas, l’homme serait capable de tout » et « Dieu existe pour que l’homme ne se suicide pas ». Ce à quoi le greffier répond : « Si Allah existe, ce n’est pas pour empêcher les péchés mais pour les justifier »"
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"...Il est d'ici, de ce pays où la trahison est plus grave que le crime. Peu importe si on tue, si on vole, ou viole...Ce qui compte, c'est de ne pas trahir. Ne pas trahir Allah, son clan, sa famille, sa patrie, son ami...Et lui, il l'a fait !"
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"Oui, on peut tout détruire, mais jamais la mémoire, jamais les souvenirs, jamais !"
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" Tu sais que si le péché existe , comme on dit , c'est parce que Dieu existe.
Oui , mais , aujourd'hui , j'ai l'impression que c'est l'inverse. Qu'Allah me pardonne! Si Il existe , ce n'est pas pour empêcher les péchés , mais pour les justifier.
Eh oui , hélas. Toujours nous nous servons de Lui , ou de l'Histoire , ou de la conscience , ou des idéologies ... pour justifier nos crimes , nos trahisons ,.. rares sont ceux qui , comme toi , ont commis un crime , puis en ont du remords."
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Atik Rahimi
né en 1962 à Kaboul
Double nationalité afghane et française
Romancier et Réalisateur.
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Auteur de :
"Terre et Cendres" (2000)
"Les Mille Maisons du rêve et de la terreur (2002)
"Le Retour imaginaire" (2005)
"Syngué Sabour. Pierre de patience" (Prix Goncourt 2008)
"La Ballade du calame. Portrait intime (2015)
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Il a porté à l'écran deux de ses livres :
Terre et Cendres (2004) et Syngué Sabour (2013)...

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dimanche 25 octobre 2015

CUBA - BARACOA (févier 2015) - Le Peintre NOA - D'une année à l'autre....

Le très sympathique peintre Noa fait partie de nos "incontournables" à Baracoa...
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A chacun de nos séjours, nous avons le plaisir de le rencontrer (voir ICI).
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Au fil des ans nous avons vu son style  évoluer...


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Ainsi de cette toile acquise il y a quelques années...

...A cet autre portrait peint récemment...
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Sa manière de peindre est devenue plus "géométrique" (peut-être un peu moins touchante ?)
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Deux autres toiles récentes :
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(photos JCMEMO) 

jeudi 22 octobre 2015

L'HOMME IRRATIONNEL - Woody ALLEN (Réalisation & Scénario) - Etats-Unis - vu au Gaumont Aquaboulevard (19.10.2015)

Crime et Châtiment sur le Campus !
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Pas trop envie de parler de ce film (sans doute le plus noir de W. Allen)...
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Film que,  paradoxalement, je n'ai pas trop aimé tout en lui reconnaissant de multiples qualités !
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Abe un professeur de philosophie, mal à l'aise dans sa peau, nihiliste, pense échapper à son "mal-être" en "débarrassant" la société d'une créature néfaste (un juge odieux)...
Ce grand lecteur de Dostoïevski considère que ce crime est en fait la raison d'être de son existence.
Persuadé également d'avoir commis un crime parfait, il reprend goût à la vie...
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Avec son scénario astucieux, ses personnages bien campés, interprétés par des acteurs talentueux et séduisants, le film n'est certes pas ennuyeux mais il m'a paru comme "étouffé" par une incroyable déferlante de dialogues.
A revoir ?
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Joaquin Phoenix (Abe)...
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Emma Stone (Jill)...
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Parker Posay (Rita)...

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Woody Allen est né à New York en 1935.
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"L'homme irrationnel" est son 46ème long métrage !!!
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Son film précédent "Magic in the moonlight" ----) ICI 
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mardi 20 octobre 2015

OTELLO - Giuseppe VERDI (1813-1901) - En direct du Met Opéra de New York (17.10.2015) - au Pathé Beaugrenelle.

Créé à la Scala de Milan en 1887...



OTELLO
Est peut-être le plus abouti et le plus bel opéra de Verdi (certains le qualifient même de "chef-d'oeuvre absolu") :
Un excellent livret de Arrigo Boïto d'après Shakespeare,
Une musique qui s'écoule comme un courant mélodique ininterrompu,
Exempte de "numéros" spectaculaires et de certaines facilités (j'allais dire scories...) comme dans quelques unes de ses œuvres (même les plus célèbres),
Une orchestration complètement renouvelée, à la fois puissante et raffinée.
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Superbe soirée sous la direction musicale du jeune et talentueux chef québécois Yannick Nézet-Séguin qui a su admirablement mettre en valeur toutes les sublimes nuances de la partition...


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La mise en scène "sombre" de Bartlett Sher avec les décors de Es Devlin (immenses éléments transparents mobiles) permet de passer d'une scène à l'autre sans heurts et colle parfaitement au déroulement du drame.
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Très beaux costumes de Catherine Zuber (Sher a transposé l'action au 19° siècle).
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Rares sont les ténors qui ont les moyens vocaux d'aborder le rôle d'Otello...
Le ténor letton
 Alexandrs Antonenko,
 avec son timbre clair et puissant, en fait partie : il l'a d'ailleurs interprété à plusieurs reprises, notamment à Salzbourg en 2008 (sous la direction de Muti) et en 2011 à l'Opéra Bastille.
Sa prestation a été remarquable, même s'il a paru peut-être un peu moins à l'aise dans les épanchements amoureux (Le fameux duo du 1° acte) que dans les parties purement dramatiques (la scène de sa mort a été grandiose et bouleversante)


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Habitué du Met
 (Rigoletto en 2013 Damrau et Beczala - Macbeth en 2014 avec Netrebko),
Le baryton serbe
 Zelko Lucic
a été un excellent Iago (superbe "Credo")


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La soprano bulgare
Sonya Yoncheva,
qui avait reçu un accueil chaleureux, en 2011 à L'Opéra Bastille, pour sa prestation dans Lucia de Lammermoor,
confirme ici son talent...
Elle nous a offert une Desdémone moins soumise, plus altière que de coutume...
Son interprétation de l'air du saule a été un des grands moments de la soirée...

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ALBUM
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Quelques très courts extraits :
 

 
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SCENE D'OUVERTURE
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Credo de IAGO
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Final acte lll
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Air du Saule
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 Ave Maria
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Otello et les lumières de Broadway : retransmission sur Times Square :
ICI

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Pour une approche toute différente voir ICI  le billet du Promeneur du 68
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dimanche 18 octobre 2015

BELLES FAMILLES - Jean-Paul RAPPENEAU (Réalisation & Scénario) - France - Vu au Pathé Beaugrenelle (16.10.2015)

5 / 5
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Bravo !
Un film totalement maîtrisé dans tous ses aspects :
Scénario, Réalisation, Direction d'acteurs...
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Autour de l'héritage d'une vieille demeure une comédie chorale à tiroirs où se mêlent histoires de famille et d'amitié...
Difficile de résumer un tel film au rythme échevelé, aux rebondissements incessants...
Une comédie mais où affleurent parfois la mélancolie, la gravité : ainsi lorsque Jérôme, le personnage principal, hanté par le mauvais souvenir qu'il a de son père, déclare "Je suis venu faire la paix avec mon père".
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"L’idée était de tourner une sorte d’autobiographie imaginaire puisqu’au fond, dans ce qui est raconté, tout a un lien avec moi mais rien n’a de lien avec ma véritable vie. En fait, si on se met à chercher vraiment, on trouve des correspondances bien sûr, mais aussi des choses arrivées dans d’autres familles, ou liées à d’autres encore (...) C’est un roman familial imaginaire. Mais je voulais que la ville aussi soit imaginaire. C’est pour cela qu’on a tourné dans plusieurs lieux, c’est un mélange. (...) Les personnages ressemblent tous à des gens que j’ai connus. Les petites et les grandes aventures, je sais qu’elles sont arrivées à untel, à moi, à d’autres."
(Jean-Paul Rappeneau)
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En tête d'une remarquable distribution, Mathieu Amalric mène la danse ...
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En compagnie de :
Gilles Lellouche...
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Nicole Garcia et André Dussolier...
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Karin Viard...
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Marine Vacth...
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Guillaume de Tonquédec... 
 
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Jean-Paul Rappeneau
né en 1932 à Auxerre
Réalisateur, Scénariste
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Huit longs métrages seulement pour une longue carrière, son précédent film a été tourné en 2003.
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Bon Voyage (2003)
Le Hussard sur le Toit (1995)
Cyrano de Bergerac (1990)
Tout Feu tout Flamme (1982)
Le Sauvage (1975)
Les Mariés de l'an ll (1071)
La Vie de Château (1965)
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vendredi 16 octobre 2015

ASPHALTE - Samuel BENCHETRIT (Réalisation & Scénario d'après son roman "Chroniques de l'asphalte") - France - vu au Gaumont Opéra (12.10.15)

4,5 / 5
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J'ai succombé, dès les premières minutes, au charme de ce film véritable "ovni" dans l'univers du cinéma français actuel !
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Insolite
 (un astronaute de la Nasa atterrit
sur le toit d'un immeuble délabré d'une banlieue désespérément triste)
 le film est à la fois loufoque, drôle, poétique, tendre, émouvant et plein d'humour.
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Histoire de trois rencontres de personnages désemparés et esseulés qui n'auraient jamais du se rencontrer,
Rencontres qui vont leur permettre d'échapper à leurs solitudes...
John l'astronaute américain et Madame Hamida dont le fils est en prison,
Jeanne une actrice oubliée, dépressive et Charly l'adolescent livré à lui-même,
Steinkowitz le misanthrope et une Infirmière de nuit de l'hôpital voisin...
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Samuel Benchetrit :
"Si je devais résumer le film, je dirais qu’il s’agit de trois histoires de chute. Comment peut-on tomber - du ciel, d’un fauteuil roulant ou de son piédestal - et être récupéré ? Voilà la question qui traverse à chaque instant Asphalte. Car les gens de banlieue peuvent être de très grands « récupérateurs ». Pour y avoir passé ma jeunesse, je peux dire que je n’ai jamais connu de solidarité aussi forte qu’en banlieue. Même si avec le temps, comme partout, la solitude et l’isolement gagnent peu à peu du terrain.
... 
 J’avais envie de montrer ce lien invisible entre les gens, fait de silences et de regards. Mes personnages sont de vrais solitaires et n’ont a priori aucune raison de parler à d’autres. Que ce soit Sternkowitz depuis la mort de sa mère, Madame Hamida depuis que son fils est en prison ou Charly dont la mère est aux abonnés absents"
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Une scène toute simple que j'ai trouvée particulièrement émouvante :
Au cours du repas avec John, Hamida chante une berceuse kabyle.
Un moment de silence, le jeune américain la regarde et à son tour se met à chanter une berçeuse de son pays.
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John (Michael Pitt) et Madame Hamida (Tassadit Mandé...

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Jeanne (Isabelle Huppert) et Charly (Jules Benchedrit, fils de Marie Trintignant et du réalisateur)...

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L'infirmière de nuit (Valeria Bruni-Tedeschi) et Steinkowitz (Gustave Kervern)...
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Samuel Benchetrit
né en 1973 à Champigny-sur-Marne
Réalisateur, Scénariste, Ecrivain, Acteur, Metteur en scène de théatre...
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Ses longs métrages :
Un voyage (2014)
Chez Gino (2008)
J'ai toujours rêvé d'être un Gangster (2007)
Janis et John (2002)
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mardi 13 octobre 2015

VENISE (Sept. 2015) - LA PLACE SAINT-MARC - Difficile d'y échapper ! et pourtant...

...Et pourtant
S'il y a de moins en moins de pigeons,
Les touristes eux sont de plus en plus nombreux :
Lors d'une première tentative, face à une cohue incroyable, nous renonçons,
Une deuxième tentative s'avère un peu plus fructeuse, même s'il est préférable, pour oublier la foule, de lever les yeux (et l'objectif de l'appareil photo) vers le ciel...
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Palais des doges et son reflet dans  la vitrine d'une boutique ...

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La partie droite de la façade de la Basilique est toujours en restauration...
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Pas toujours évident de faire une photo...

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Les boutiques de luxe et les cafés célèbres sont toujours là...

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(Photos JCMEMO)