lundi 4 mai 2015

CHANTS (CANTI) - Giacomo LEOPARDI (1798-1837) - Italie - Traduction et Préface de René de Ceccatty - Rivages poche / Petite Bibliothèque

Le beau film de Mario Martone (voir ICI)
donne évidemment envie de découvrir l'œuvre du grand poète italien...
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J'ai donc choisi les "Chants" qui ne parurent, du moins dans leur version intégrale, qu'après la mort de Leopardi, grâce à son fidèle ami Antonio Ranieri.
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Un tel ouvrage ne se lit vertes pas d'une traite, mais déjà, en le parcourant, on devine qu'il deviendra un compagnon fidèle !
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Le Moineau solitaire (extrait)...
"Le seuil honni de la vieillesse,
Quand mes yeux silencieux pour le cœur des humains
Verront s'être vidé le monde et l'avenir
Sera plus ennuyeux et sombre qu'aujourd'hui,
Comment me souviendrai-je alors de mon humeur ?
Que penserai-je alors de mes vertes années ?
Que dirai-je de moi ?
Je me repentirai. Et souvent,
Inconsolable hélas, je tournerai la tête."
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L'Infini
lu par Vittorio Gassman...


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Le texte italien :
"Sempre caro mi fu quest'ermo colle,
E questa siepe, che da tanta parte
Dell'ultimo orizzonte il guardo esclude.
Ma sedendo e mirando, interminati
Spazi di là da quella, e sovrumani
Silenzi, e profondissima quiete
Io nel pensier mi fingo; ove per poco
Il cor non si spaura. E come il vento
Odo stormir tra queste piante, io quello
Infinito silenzio a questa voce
Vo comparando: e mi sovvien l'eterno,
E le morte stagioni, e la presente
E viva, e il suon di lei. Così tra questa
Immensità s'annega il pensier mio:
E il naufragar m'è dolce in questo mare."
 

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Sa traduction :
"J'ai toujours aimé ce mont solitaire
Et ce buisson qui cache à tout regard
L'horizon lointain. Mais quand je m'assieds
Pour mieux observer, je me représente
Au fond de mon cœur l'espace au-delà :
Calme surhumain, très profonde paix.
Pour un peu, je suis perdu d'épouvante.
En entendant geindre, entre les feuillages,
Le vent, je compare à cette voix-là
L'infini silence et je me souviens
De l'éternité, des mortes-saisons,
Et de la présente, et de la vivante.
Et de sa rumeur. Ainsi dans l'immense
Sombre ma pensée. Et dans cette mer
Il m'est doux enfin de faire naufrage."
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3 commentaires:

  1. Pas très optimiste tout ça ! Mais, bon, le gouffre de l'éternité ne nous semblerait pas si épouvantable si nous n'avions que vint-cinq ans. Il faudrait pouvoir lire tout ça dans la langue d'origine. Ici, Vittorio Gassman nous fait entendre la musique de l'italien. J'aime. Pour le baragouiner un peu (mon beau-père était italien dOmbrie). Ce doit être difficile de traduire de la poésie étrangère. A moins d'être poète soi-même. Ne pleut pas, ici, mais je ne me réjouis pas, elle menace ! ...

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  2. C'est vrai que l'italien (que je connais quelque peu) est une langue superbe. La traduction de René de Ceccatty dans cette édition bilingue est tout à fait réussie....
    JC

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