mercredi 29 avril 2015

CAVALLERIA RUSTICANA de Pietro MASCAGNI (1863-1945) & PAGLIACCI de Pietro LEONCAVALLO (1857-1919) - En direct du MET de New-York (25.04.2015) - au Pathé Beaugrenelle

 "CAV/PAG" (comme disent certains)
 n'a pas fait salle comble, pourtant la soirée était réussie sous la direction musicale (passionnée) du maestro Fabio Luisi !
(Mise en scène des deux opéras de David McVicar)
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Ces deux œuvres apparemment sœurs ne se donnent jamais l'une sans l'autre...
Il est vrai que :
Elles sont nées presque en même temps (1890 et 1892), au moment de la naissance en Italie du mouvement vériste (qui a touché également la littérature et la peinture),
Les livrets relatent, l'un et l'autre, une trahison amoureuse,
Elles permettent enfin... à nos ténors préférés de déployer toutes leurs possibilités vocales dans deux rôles très différents...
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J'ai toujours eu une préférence pour
Cavalleria Rusticana...
Et ce soir j'ai de la chance : la réussite est complète...
Adéquation parfaite entre la musique, les interprètes, la mise en scène...
C'est une véritable tragédie sicilienne qui nous est offerte !
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L'interprétation est absolument remarquable avec :
La soprano néerlandaise Eva-Maria WestBroek (Santuzza)

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Le ténor argentin Marcelo Alvarez (Turiddu)...

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Le baryton géorgien George Gagnidze (Alfio)...
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Deux extraits :
Westbroek et le chœur... 
 

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"Bada, Santuzza" (Alvarez et Westbroek) ---) ICI
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J'ai été moins enthousiasmé par Pagliacci...
On y retrouve pourtant et ils y sont tout aussi remarquables que dans "Cavalleria" :
George Gagnidze dans le rôle de Tonio
et
Marcelo Alvarez dans celui de Canio...
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La soprano américaine Patricia Raquette incarne Nedda,
Bonne comédienne certes, mais sa prestation vocale m'a quelque peu déçu...
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Déçu un peu également par une mise en scène plutôt confuse, même s'il faut admettre que la réalisation scénique d'une telle œuvre (où réalité et théatre se mêlent...) n'est pas évidente...
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Deux courts extraits (Marcelo Alvarez) :
Vesti la giubba ---) ICI
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Sperai, tanto il delirio ---) ICI

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lundi 27 avril 2015

TAXI TÉHÉRAN - Jafar PANAHI (réalisation et scénario-et acteur) - Iran - (au Pathé Beaugrenelle)

Un taxi (collectif) sillonne Téhéran...
Au volant Jafar Panahi, le réalisateur lui-même, condamné par le régime iranien à 20 ans d'interdiction de filmer, mais qui a choisi néanmoins de rester travailler dans son pays...

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"Je suis un cinéaste. Je ne peux rien faire d'autre que de réaliser des films. Le cinéma est ma manière de m'exprimer et ce qui donne un sens à ma vie. Rien ne peut m'empêcher de faire des films, et lorsque je me retrouve acculé, malgré toutes les contraintes la nécessité de créer devient encore plus pressante. Le cinéma comme art est ce qui m'importe le plus. C'est pourquoi je dois continuer à filmer quelles que soient les circonstances, pour respecter ce en quoi je crois et me sentir vivant." 
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4,5 / 5 -


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Entre fiction, documentaire et fable...
Le film dresse les portraits, entre rires mais aussi émotion, de quelques personnages de la société iranienne (du partisan de la peine de mort à l'institutrice à l'esprit ouvert...).
Mais ce film est avant tout un magnifique hommage au cinéma et un vibrant plaidoyer pour la liberté d'expression !
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Nasrin Sotoudeh, avocate, joue son propre rôle dans le film : elle est interdite d'exercer son métier et de sortir du territoire iranien depuis 2011. Elle a également fait 3 ans de prison pour avoir défendu des dissidents...
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Nasrin Sotoudeh :
"...Jafar a tout à fait le droit de faire des films. Nous avons d'ailleurs souvent plaisanté ensemble de ces interdictions, de pratiquer le droit pour moi et de réaliser des films pour lui. Nous nous sommes même dit que nous pourrions échanger non métiers : Tu travailles comme avocat et je fais des films !"
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Jafar Panah est né en Iran en 1960
Parmi ses longs métrages :
Le Ballon Blanc (1995)
Le Cercle (2000)
Hors Jeu (2006)
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samedi 25 avril 2015

PATRIMOINE Une histoire vraie (1991) - Philip ROTH - Etats-Unis

Ce qui me frappe avant tout, à la lecture de "Patrimoine", c'est l'extrême sensibilité qui s'en dégage...
Une sensibilité insoupçonnée et presque incroyable chez l'auteur de "Portnoy et son complexe"...
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"Patrimoine" c'est la terrible, cruelle et bouleversante relation des derniers mois de la vie d'Herman, le père Philip Roth, atteint d'une tumeur au cerveau...
Pendant de longs mois il va accompagner le vieil homme, jusqu'à s'identifier à lui, dans sa lutte  contre la maladie, la mort...
Un magnifique témoignage d'amour !
Au fil des souvenirs c'est aussi toute l'histoire d'une famille d'immigrants juifs qui est évoquée...
Inoubliable !
(Très belle traduction de Patrick Gador et Maurice Rambaud)
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"Mon Philip dit Bill, et me prenant la main, il la garda dans la sienne....Si Bill me tenait la main, ce n'était pas parce qu'il croyait que j'avais encore sept ans, mais parce que me connaissant depuis l'époque de mes sept ans, peu importait l'âge que j'avais maintenant, il avait le droit de me tenir la main."
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"Ainsi s'arrangea-t-il pour ne pas s'appesantir sur sa tumeur, parlant plutôt de ceux qui étaient morts depuis longtemps, et des mourants, et de ceux qui parmi ses amis auraient mieux fait de mourir."
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"Je lui trouve une force stupéfiante. Mais ce qui alimente cette force, c'est aussi ce qui rend la situation tellement horrible : il ne veut surtout pas mourir."
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"On ne doit rien oublier, voilà la devise qui figure sur son blason. Être vivant, pour lui, c'est être fait de mémoire : pour lui, si un homme n'est pas fait de mémoire, il n'est fait de rien."
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"..il n'était pas simplement un père quelconque, il était LE père, avec tout ce qui chez un père suscite la haine, et tout ce qui suscite l'amour."
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"Même les salauds finissent par mourir dit mon père. A peu près la seule chose qu'on puisse mettre au crédit de la mort : elle fauche aussi les fils de putes."
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"Mourir est quelque chose d'horrible, et mon père était en train de mourir. Je lui pris la main qui, elle au moins, donnait encore l'impression d'être sa main ; je lui caressai le front qui lui, au moins, donnait encore l'impression d'être son front ; et je lui dis toutes sortes de choses qu'il n'était plus en mesure de comprendre. Heureusement, il n'y avait dans ce que je lui dis au cours de cette matinée rien qu'il ne sût déjà."
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"Le rêve m'informait que, sinon dans mes livres ou dans ma vie, du moins dans mes rêves, je resterais à jamais son petit garçon, avec la conscience d'un petit garçon, de même que lui continuerait à y vivre non seulement comme mon père, mais comme LE  père, et à juger tous les actes que j'accomplirais.
On ne doit rien oublier."
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Philip Roth
né en 1933 à Newark
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Parmi ses nombreuses œuvres :
Portnoy et son complexe (1969)
Le Théatre de Sabbath (1995)
La Pastorale américaine (1999)
La Tache (2000)
Némésis (2010)
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Lors d'une interview donnée au magazine Inrocks en octobre 2012, il annonce que Némésis sera son dernier roman :
"Écrire, c’est avoir tout le temps tort. Tous vos brouillons racontent l’histoire de vos échecs. Je n’ai plus l’énergie de la frustration, plus la force de m’y confronter. Car écrire, c’est être frustré : on passe son temps à écrire le mauvais mot, la mauvaise phrase, la mauvaise histoire. On se trompe sans cesse, on échoue sans cesse, et on doit vivre ainsi dans une frustration perpétuelle. On passe son temps à se dire : ça, ça ne va pas, il faut recommencer ; ça, ça ne va pas non plus, et on recommence. Je suis fatigué de tout ce travail. Je traverse un temps différent de ma vie : j’ai perdu toute forme de fanatisme. Et je n’en ressens aucune mélancolie."
Espérons qu'il changera d'avis !
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Sa définition d'un lecteur idéal :
"Dans mon pays, je n'ai pas 100 000 lecteurs parce qu'il n'y a pas 100 000 lecteurs, concentrés, attentifs, qui lisent un roman deux à trois heures par nuit, trois nuits par semaine au moins. Ce qui s'appelle lire. Car si ça traîne des semaines, la concentration s'évapore et c'est fichu. Un lecteur, c'est quelqu'un qui peut en parler autour de lui, qui est capable de tout mettre de côté pour rentrer chez lui afin de poursuivre sa lecture et qui ne fait rien d'autre pendant qu'il lit".
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dimanche 19 avril 2015

LEOPARDI Il giovane favoloso - Mario MARTONE (Réalisation & Scénario avec Ippolita di Maio) - Italie - (au Balzac)

De Leopardi je ne connaissais que le nom et pourtant il est reconnu en Italie et "étudié dans les écoles au même titre que Dante".
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5 / 5
pour cette passionnante et émouvante biographie (magnifiquement filmée) d'un poète et penseur à la fois pessimiste et révolté...

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Leopardi est incarné, de manière stupéfiante, par
Elio Germano...

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Images...
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La bande annonce... 

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"Leopardi est un monument de la littérature en Italie. Aussi voulais-je contourner le plus possible son image canonique, ce qui n'était pas sans risque... Leopardi a toujours été considéré comme un poète triste, mélancolique, dont la vie n'était pas particulièrement intéressante. Je ne pense pas du tout ça. Je considère au contraire que c'était un rebelle, une âme vive qui brûlait dans son rapport à la vie. Et c'est cette part ignorée que j'ai tenu à montrer. Pour ce faire, j'avais besoin d'un grand acteur et j'ai eu la chance de trouver Elio Germano. Notre collaboration a nourri un perpétuel changement de vision de cet écrivain, en fait inépuisable." (Mario Martone)

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Mario Martone
né à Naples en 1959
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Réalisateur et Scénariste
Auteur notamment de :
Mort d'un mathématicien napolitain (1992)
L'odeur du sang (2003)
Noï credevamo (Frères d'Italie-2010)...


Egalement Metteur en scène de théatre et d'opéra :
Matilde di Shabran de Rossini (Pesaro 2012)
Macbeth de Verd (très prochainement au Théatre des Champs Elysées)
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Giacomo Leopardi
(1798-1837)
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Sur Leopardi voir ICI
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"Deux vérités que d'ordinaire les hommes n'admettent pas: l'une est qu'ils ne savent rien; l'autre qu'ils ne sont rien. Ajoutez-en une troisième, intimement liée à la précédente: qu'ils n'ont rien à espérer après la mort." (Zibaldone) 
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" Vieillard blanchi, malade,
Demi-nu, sans chaussures,
Un lourd fardeau sur les épaules, il court
Par les montagnes et les vallées,
Par les rochers aigus, les dunes et les ronces,
Dans le vent, dans l’orage, quand flambe
L’heure ou qu’elle est glace ;
Il court, le souffle bref,
Franchit torrents et marécages,
Tombe, se lève, se hâte encore,
Sans trêve, sans repos,
Meurtri, sanglant, jusqu’à venir enfin
Où le menaient sa route et son effort :
Un gouffre immense et plein d’horreur,
Où dans l’oubli de tout, il s’abîme.
Lune vierge, telle
Est la vie d’un mortel."
(Chants) 
 
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vendredi 17 avril 2015

HISTOIRE DE JUDAS - Rabah Ameur-Zaïmeche (Réalisation & Scénario) - France - (au Lincoln)

Fallait-il une trahison, un Judas, pour
que tout s'accomplisse !
Et si Judas était le disciple le plus proche, le plus fidèle de Jésus ?
Rabah Ameur-Zaïmeche nous dresse un portrait du personnage qui m'a convaincu, bien éloigné de celui donné par les Evangiles...
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5 / 5
Pour cette œuvre qui m'a fasciné...
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Le film à la fois très sobre et d'une beauté saisissante a été tourné en Algérie (Biskra au pied des Aurés).
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Le réalisateur (dont la manière de filmer évoque parfois Pasolini) est aussi l'interprète de Judas...
Le Christ est incarné par Nabil Djedouani...
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Judas transporte Jésus épuisé après son jeûne de 40 jours dans le désert...
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Le réalisateur, dernier né d'une grande famille musulmane, dit avoir été toujours fasciné, et ce dés son jeune age, par le Christ :
 « j’admirais le personnage de Jésus sans comprendre pourquoi il avait besoin d’un traître pour accomplir sa mission ».
Il précise à propos de son film :
"C'est sans doute ma manière de raconter Jésus, dont la figure reste ancrée en moi et me pousse aujourd'hui à donner le meilleur, à prendre la vie comme un défi. Mes recherches m'ont fait comprendre que Judas, dont l'histoire ne garde pas la trace, est un personnage inventé par les évangélistes pour souligner la douceur et l'amour de Jésus. Judas, c'est l'enragé, le révolté...Un irréductible, un impulsif...."
Il dit également :
 « il s’agit de rester aux aguets et de se méfier de toute « parole d’Évangile » qui prétend être vérité, afin de préserver le rêve qui est en nous. » 
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La bande annonce...
 

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Rabah Ameur-Zaimeche
né en 1966 en Algérie
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Réalisateur, Scénariste, Acteur
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Il a réalisé notamment :
Wesh Wesh, Qu'est-ce qui se passe (2001)
Bled Number One (2005)
Dernier Maquis (2008)
Les Chants de Mandrin (2011)
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mercredi 15 avril 2015

ITALIE - LIGURIE - LE CHARME DE BORDIGHERA (sept. 2014) -

A deux pas de Menton, il est bien agréable de flâner dans Bordighera, jolie station balnéaire de la Côte Ligure :  jardins, superbes villas, végétation exubérante sur un écrin de collines...
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En 1883, lors d'un voyage vers Gènes, Monet (en compagnie de Renoir) s'était arrêté à Bordighera. Enthousiasmé, il y retournera l'année suivante et y peindra une trentaine de tableaux :
 «Un jardin comme ça, c'est indescriptible, c’est pure magie, toutes les plantes du monde poussent là dans le pays, et sans paraître soignées. C’est un enchevêtrement de palmiers de toutes sortes, de chaque espèce d'oranges et de mandarines ».
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Difficile d'avoir l'œil de Monet !!!
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Charles Garnier choisit également Bordighera pour y séjourner en raison de la santé de son fils tuberculeux. Il y bâtit une superbe villa...
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Il ne faut pas manquer de visiter la vieille ville : il y a de bons petits restaurants où l'on peut déguster le fameux lapin à la Ligure accompagné d'un "Rossese di Dolceacqua" (un vin bien sympathique conseillé, à juste titre, par notre ami blogueur "Le Promeneur du 68")...
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(photos JCMEMO)