jeudi 6 février 2014

LA FOIRE AUX VANITES - William Makepeace THACKERAY (1811-1863) - Angleterre

"La Foire aux Vanités"
Des mois et des mois que ce gros pavé de plus de mille pages,
Considéré comme le chef-d'oeuvre de Thackeray,
attendait que je m'intéresse à lui...
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Je me suis enfin plongé dans cette lecture et je ne l'ai pas regretté...
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Un vaste tableau pessimiste, à l'ironie décapante, mais aussi pathétique d'une certaine société anglaise du début du 19° siécle,
Société qui prend vie à travers cinq "acteurs" principaux et une multitude de personnages secondaires, tous parfaitement campés,
tous plongés dans le tumulte et les luttes de ce monde de vanités...
"Vanité des vanités, tout est vanité !" (livre de l'Ecclésiaste).
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Comme souvent dans les romans anglais de l'époque, il y a beaucoup de digressions mais qui ne sont pas lassantes : elles sont en effet bien ancrées dans l'histoire, souvent teintées d'humour, tout aussi intéressantes que le récit proprement dit...
"Quand de certains hommes vous aiment, mesdames, ils ont beau voir la ligne et l'hameçon et tout l'attirail qui va servir à les prendre, ils n'en sont pas moins à tourner béants autour de l'amorce, il faut qu'ils y viennent et qu'ils l'avalent. Les voilà pris, les voilà frétillant sur le sable."
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Si le livre a pour sous-titre "Roman sans héros", il possède pourtant une héroïne,
la machiavélique Becky Sharp,
"une femme dans laquelle on ne retrouve ni foi, ni tendresse, ni principes",
qui semble bien mener un peu la danse dans cette folle et passionnante "Foire aux Vanités".
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Quelques autres extraits qui donnent bien le ton de l'ouvrage :
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"...la foire aux Vanités est une place où l'on rencontre toutes les vanités, toutes les dépravations, toutes les folies, où l'on se coudoie avec toutes sortes de grimaces, de faussetés et de prétentions..."
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"En somme, on ne payait personne, pas plus le serrurier qui ouvrait les portes que le vitrier qui remettait les carreaux, que le carrossier qui louait la voiture, que le cocher qui la conduisait, que le boucher qui fournissait des gigots, que le charbonnier qui envoyait de quoi les rôtir, que le cuisinier qui les accommodait, que les domestiques qui les mangeaient, et en cela, soyez-en-sur, on faisait comme beaucoup de gens qui savent mener grand train sans avoir un sou de revenu."
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"On peut suivre, pour s'édifier et s'instruire, ce cercueil qui se rend à la sépulture de famille ; contempler ce cortège si recueilli et si rigoureusement vêtu de noir, toute la famille du défunt entassée dans les voitures de deuil, ces mouchoirs déployés pour essuyer des larmes qui ne couleront jamais...enfin tout l'étalage de vanités pour ce jour suprême, depuis les housses de velours couvertes de larmes d'argent jusqu'à la pierre qui couvre la tombe et où l'on ne grave jamais que des mensonges."
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"On serait, en vérité, tenté de croire que le remords est de tous les sentiments humains le plus facile à assoupir lorsque parfois il se réveille. Ce qui nous préoccupe le plus, en effet, n'est pas le regret d'avoir mal fait, mais la crainte d'être trouvé en faute et d'avoir à encourir ou la honte ou le châtiment."
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On quitte avec regret le livre avec ces dernières lignes pas spécialement optimistes...
"Et maintenant, disons-le bien haut : Vanitas vanitatum ! qui de nous est heureux en ce monde ? qui de nous arrive enfin au terme de ses désirs, ou, quand il y parvient, se trouve satisfait ? Adieu, adieu, mes enfants, refermons la boite et rangeons nos marionnettes, car le spectacle est terminé."
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Il existe une adaptation cinématographique (non vue) du roman : film de Mira Nair (2004).
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William Makepeace Thackeray
né à Calcutta en 1811
mort à Londres en 1863
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Romancier et essayiste...

Il est l'un des grands écrivains de l'époque victorienne (Charles Dickens, les Soeurs Brontë, George Eliot, Thomas Hardy...)
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Parmi ses oeuvres les plus connues :
"Le Livre des Snobs" (1848) : voir ICI fiche de lecture du 14 nov. 2011
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"Mémoires de Barry Lyndon" (1843/1844)
Superbement adapté au cinéma en 1975 par Stanley Kubrick...

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3 commentaires:

  1. Mille pages ! Fichtre ! Tu as des yeux infatigables ! Je suis trop paresseux pour me plonger dans un bouquin de ce volume ! Et puis, je m'intéresse davantage aux vanités du monde d'aujourd'hui. Il ne manque pas de romanciers qui les évoquent. Il me souvient, par exemple, d'avoir, il n'y a pas si longtemps, lu "Le bûcher des vanités" de Tom Wolfe. Un pavé aussi. Je garde le titre de ton ouvrage dans un coin de ma tête pour en regarder le film tiré, si je tombe dessus. A plus. Ici le temps est pourri ! C'est le déprime ! A plus. Florentin.

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  2. je me rappelle ma jumelle travaillant sur ce livre lorsqu'elle était étudiante à Toulouse ....C'est loin et c'est grâce à elle que j'avais découvert cet auteur
    à l'époque mais il ne m'en reste pas grand chose et je n'ai plus le courage de le relire.

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  3. Moi aussi, je crains de ne pas être capable d'attaquer un tel pavé. Donc bravo !

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