lundi 12 mars 2012

LA GRANDE MURAILLE (2005) - HENRY BAUCHAU - Belgique

"La Grande Muraille"
"J'ai entamé ce journal en 1960 en même temps que mon premier roman. Il m'a falIu plus de quatre ans pour le terminer, c'est seulement alors qu'il a trouvé son titre : La Déchirure."
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Pendant cette période (1960-1965) Henry Bauchau vivait en Suisse à Gstaad où il dirigeait l'institut Montsano, un établissement international qu'il avait fondé : il y enseignait également la littérature et l'histoire.
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C'est un livre que j'ai trouvé absolument passionnant, écrit dans une prose simple, précise, souvent poétique.
Outre le processus d'élaboration de ce premier roman avec les affres mais aussi les bonheurs de la création littéraire, c'est toute sa vie que l'auteur évoque :  son travail, sa famille, ses amis, ses interrogations, ses impressions, ses angoisses, ses plaisirs, ses souvenirs....
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EXTRAITS :
"Une oeuvre d'art peut être sombre, tragique, mais pour être juste elle doit comporter un élément d'espérance ou une part d'ironie."
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"Il faut peut-être expliquer que j'écris pour guérir, pour trouver, pour me retrouver et retrouver les autres."
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Sur la mort de sa mère...
"...elle s'est tournée vers moi et m'a adressé un sourire confiant et trés beau. Je l'ai retrouvée, à travers le brouillard des années, comme je l'ai vue sans dout tout enfant. Son sourire plein de certitude m'a dit enfin : 'N'aie pas peur, tout ira bien'. Elle est la mère, la grande réserve d'espoir et la promesse. J'apprends d'elle en ce sourire tout ce qu'il faut savoir et qu'elle n'avait pas pu encore me transmettre. Je ne suis plus seul, je ne serai plus jamais seul que par erreur ou par faiblesse"
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"J'ai éprouvé que l'art abstrait met en cause le spectateur, le renvoie à lui-même, le force à puiser dans son propre fond. Il lui enlève même partiellement sa position de spectateur, le contraint à une participation."
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"...en m'interrogeant, je constate que je répugne profondément à nier l'existence de Dieu mais que je me sens parfaitement incapable de l'affirmer."
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"J'ai rapporté l'autre jour une mousse verte arrachée à la branche d'un mélèze. Elle est d'un vert pâle, légèrement gris, d'une couleur fée. Il y a en elle l'enchantement des forêts. J'y ai piqué une fleur de chardon blanche et séchée par le soleil. Je les regarde et il me semble qu'elles me regardent, comme les arbres regardent les arbres, dans les profondes forêts."
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Sur Venise...
"....la ville m'a procuré le même ravissement. Le sentiment d'une grâce, d'une beauté presque inépuisable, parce qu'elle ne s'étend pas dans l'espace mais dans le temps...
Frappé hier soir par sa beauté dés qu'on est sur les canaux. Il y a une beauté qui n'est vue que de l'eau et une autre de l'eau vue des bords. Heureux de me retrouver un peu chez moi maintenant dans cette ville que j'aime tant."
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Sur la Toscane...
"Nous partons pour Sienne dans une campagne plus belle encore que dans mon souvenir. Les oliviers remués par la tramontane font des vagues argentées sur les pentes que soulignent par places un pin ou une ligne de cyprès. Dans ce pays on sent que la nature est devenue oeuvre de l'homme."
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22 mai 1965...
"Enfin quoi, il est fini.
 Ce livre que j'ai porté comme un désir et comme un remords est terminé.
 Place libre à d'autres travaux."
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Henry Bauchau
né en 1913 en Belgique
Poète, dramaturge, romancier et psychanalyste


Voir aussi fiches du 19.2.2012 (Déluge), 7.11.2010 (L'Enfant bleu) et 1.7.2009 (Le Boulevard périphérique)
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1 commentaire:

  1. Tu avais déjà fait l'article à propos de cet auteur. J'avais écrit son nom quelque part, mais, je ne relis pas toujours mes petits papiers. Ces quelques extraits me confirment dans l'idée qu'il vaut la lecture. J'ai une occase demain pour faire éventuellement l'achat d'un de ses bouquins. Je vais au Secours Pop, qui dispose d'une bibliothèque de vente assez conséquente, où d'illeurs je me fournis souvent. Les livres sont rangés par ordre alphabétique. Je ne louperai donc pas Bauchau, s'il y est. Merci de cette piqûre de rappel. A plus.

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